AUTOUR DU FILM


Retour d'un chercheur de l'EHESS

Hello Maxime,

j'ai regardé ton film aujourd'hui (...) et 3 questions me sont venues à la suite du visionnage, questions que je te livre sans détours, car ce sont des questions majeures auxquelles tu devras réfléchir si tu a à cœur de montrer ton travail dans un circuit de documentaristes ou bien de travailler dans la production documentaire :

- je n'ai pas compris pourquoi tu avais abandonné les vampires ? est-ce qu'on peut être "dévampirisé" ? cette communauté n'était-elle pas intéressante à fréquenter ? dans le film en tout cas, cette question reste en suspens, puisque tu pars à la recherche d'une proie à mordre, et une fois que tu la trouves, elle n'est plus une proie à vampiriser et devient la proie d'autres enjeux. Et pffffiouuu les vampires adios... leur statut n'est pas clair, et le rapport que tu entretiens semble très utilitaire, ce qui est bizarre du coup...

- par ailleurs, pourquoi dis-tu que c'est un documentaire et pas un film (sans plus de précision), ou bien carrément une fiction ? en quoi y a t il des signes d'un travail de documentation, ou bien d'un propos ethno/anthropo/journalo/etc., d'un point de vue qui s'assume comme tel ? Est-ce que toutes les scènes sont de la prise live (les dialogues avec certains personnages semblent parfois assez peu spontanés (notamment avec la femme vampire), que j'ai pensé que tu avais refait les scènes plus tard) ?

-d'un point de vue déontologique et anthropologique, le dévoilement de ton genre et de ton corps que tu organises est particulièrement violent pour ton interlocuteur, et j'ai trouvé relativement problématique de voir ces images, Sans qu'il n'y ait de place pour ton interlocuteur de s'exprimer (tu le cloues au mur en te dévoilant, il ne peut décemment rien te dire, puisqu'il sait qu'il est filmé, etc.)...
Cela pose des questions de méthode, et le fait que le film s'arrête sur cette scène de dévoilement, et que tu ne reviennes pas sur les raisons de ta propre implication manque d'éthique et de rigueur : tu montres qu'un internaute s'est leurré, tu dis être surpris toi-même qu'il ait été aussi crédule qu'il ne le prétend (et tu as peut-être raison, mais rien ne le prouve, et surtout, tu n'as rien fait pour l'aider...). En somme, tu lui fais un procès d'imbécilité à charge.
De l'autre côté par contre, jamais tu n'expliques pourquoi tu le chauffes, pourquoi tu l'appelle au téléphone, pourquoi tu lui offres des scènes de baise ?
- juste pour voir ? Pourtant, l'argument de sa mauvaise foi ne marche pas quand c'est toi qui devient force de proposition dans la sexualisation de vos interactions...
- Pour tester jusqu'où lui (dans sa crédulité) ou toi (dans ta performance) pouviez aller ? alors pourquoi lui faire subir cette session skype, il suffisait d'un simple message, pour révéler ta véritable identité de genre... - Pour comprendre comment marche la drague sur SL ? alors pourquoi ne pas faire simplement ton film, puis faire disparaitre ton avatar, avec une disparition crédible qui ne fasse pas flipper les gens rencontrés en cours de route, en assumant le fait d'avoir généré un fake jusqu'au bout.

En fait tu présentes ses motivations comme relevant d'une mauvaise foi certaine et les tiennes comme relevant de la pure volonté d'expérimenter (on ne sais d'ailleurs jamais vraiment où se situe ton expérience : une relation hétérosexuelle dans laquelle tu voudrait changer de place, une relation avec un mec, une relation "virtuelle", rien n'est clair, en soi ce n'est pas grave, c'est typiquement ce que permet internet, la richesse heuristique de la confusion, mais ce qui pose problème c'est les conclusions que tu en tires et la manière dont tu en rends compte). Or typiquement, dans ton film tu ne te demandes pas en quoi ton interlocuteur expérimente autant que toi, ni en quoi toi, tu serais, toi aussi, de mauvaise foi. Tu ne formules jamais que tu joues en permanence 2 rôles : celui de ton avatar et celui du réalisateur de film, et que, à chaque instant de ton expérience de SL ces 2 rôles sont consciemment joués : Tu joues (pour ton film) à jouer un personnage de SL, ce n'est vraiment pas la même chose qu'un internaute qui joue seulement son avatar dans SL. Toi, tu t'es donné le cadre permettant l'expérience d'être à cheval sur deux réalités et surtout, que tout ce que tu montres au spectateur du film ne soit jamais hors de ton contrôle (quelque soit le degré d'authenticité de ton expérience dans SL). Une chose que l'on ne comprend pas et qui valait ma première question :  en quoi la voix off est-elle liée à ta pratique de SL et en quoi correspond-elle à ce que tu pensais au moment où tu agissais dans SL ?


Je me permets de te faire ces retours un peu directs pour une seule raison : le travail que tu m'as vu présenter hier, je n'ai pu le réaliser que grâce à l'usage de fakes. C'est une portion importante de ma méthode d'enquête. Mais j'ai, dans la mesure du possible, travaillé à ne pas choquer ou blesser les gens inutilement, à ne pas les blesser"juste parce que ça me permettait, à moi, de voir comment ça se passait". Les fakes que j'ai utilisés m'ont servi à rendre compte de pratiques, (qui sont, dans leurs mots, très proches de celles que tu as adoptées sur SL, il y a de la drague, du chat interminable, etc.), mais je ne me suis pas permis de montrer les gens de manière aussi indélicate. J'ai assumé et poussé jusqu'au bout l'hypothèse qui veut que le jeu des apparences qu'autorise le numérique, permette des expériences, mais je n'ai jamais imposé aux internautes un choc des réalités comme tu le fais dans ton film. C'est inutile : même pour apprendre des choses très subtiles, il reste toujours possible de permettre aux gens de s'en sortir sans être déçus. Et quand bien même, pourquoi mettre une personne dans une telle situation ? POur lui faire la morale ?

Une question que tu ne poses pas dans ton film (et qui en aurait fait un véritable documentaire réflexif) c'est celle du prix de la claque que s'est pris le mec ? En regardant ton film on ne voit qu'une seule réponse possible : un certain plaisir que tu as eu à lui démontrer qu'il était un crétin crédule. Et je trouve que c'est un prix cher payé pour lui, et c'est un prix cher payé pour le spectateur de ton film aussi, spectateur qui n'avait rien demandé et pensait voir un film lui faisait découvrir SL : depuis le début du film, le spectateur sait une seule chose : tu as décidé de faire un film sur ton exploration de SL, donc tu sais que tout est enregistré (concrètement enregistré ou tout du moins observé de façon analytique). Tout ce qu'il attend c'est de découvrir les us et coutumes du monde persistant, et toi tu passes une bonne partie de ton film à montrer une trahison. Doit-on en conclure que c'est ce que tu as retenu de ce monde persistant ? doit-on en conclure que le constat de cette trahison fonde la totalité de ton propos sur SL ? ou bien est-ce le résultat de ton propre dispositif de documentation de ton expérience face à l'écran ? et c'est là qu'il me semble difficile de parler de documentaire dans le cas de ce film, car en te filmant, toi, en train de serrer ce type dans les mailles de ton dispositif d'enregistrement, tu ne documentes à aucun moment SL et les pratiques qui s'y déroulent, ni même les rencontres que tu y fais (puisque tu zappes les vampires dès que tu as trouvé ta proie), tu documentes ton besoin et ta pratique des soit-disant apparences, et de ce qu'elles permettent, dans SL.

De fait, il existe trois types de fakers, l'un des trois peut être représenté par la figure du "traître", c'est celui que redoutent le plus les internautes sur les sites de rencontre : c'est la personne qui noue des relations affectives avec d'autres personnes, mais dont on découvre la supercherie lorsqu'elle commet une erreur dans la fiction qu'elle menait jusqu'ici. Alors les gens sont tétanisés, perdus, et souvent, pour réparer l'affront, dénoncent et font tout un bazar auprès des admins du site pour avoir l'impression de rééquilibrer la balance. Sauf que ton interlocuteur n'a pas eu cette opportunité, puisqu'au moment de comprendre, il comprend aussi qu'il est filmé. C'est de cela que parle ton film, il ne parle pas des apparences, il porterait plus clairement le titre "trahison" ou "traitrise" que "apparences". Il parle seulement de ce processus de blessure des affects et des sentiments, et des illusions, et il tient, avec un certain cynisme l'argument que ces sentiments seraient de fait négligeables, car pas "efficaces". Sauf que mêmes des illusions sont effectives, et peuvent affecter un corps, et c'est cela qui t'a motivé tout du long de ta propre expérience : qu'est-ce qui te faisait aller plus loin dans la relation, ces mêmes sentiments, l'idée qu'ils étaient possibles, qu'il pouvaient t'envahir. Seulement toi, tu étais armé pour les repousser, pour prendre de la distance, grâce à ta seconde casquette, celle de réalisateur de film. Mais, tu as oublié d'en parler dans le film.


bref, le temps que je viens de prendre pour te lister ce que j'ai vu dans ton film est motivé par le fait que je suis convaincu que c'est un sujet important et que tu l'as pris beaucoup trop à la légère. Peut-être des gens ont apprécié ce film, parce qu'il leur donnait des images de quelque chose qu'ils ne connaissaient pas, ou bien parce qu'ils l'on regardé comme une fiction à suspens, ou encore parce qu'il existe des gens qui sont scotchés par l'idée qu'un mec puisse se mettre dans la peau d'une femme. Tant mieux pour eux. Mais ils ne se sont donc pas posé ni en documentaristes, ni en anthropologues.
D'un point de vue de documentariste, de journaliste ou d'anthropologue, puisque nous nous sommes rencontré dans un séminaire d'anthropologie, il n'est pas possible de travailler de la sorte, et de construire ce genre de discours. Selon, il y a deux alternatives sérieuses en terme de construction d'un documentaire et les deux demandent un remontage et un nouveau script : soit tu recentres ton propos sur SL et tu mets de côté l'histoire avec ce type, en tout cas, il faut faire disparaître la session skype, par simple volonté que ce type n'ait pas à subir le fait de revoir cette vidéo une seule seconde dans sa vie. Soit, la plus difficile, mais la plus honnête en termes de documentaire, tu remontes tout et cette fois-ci tu racontes ton histoire, pourquoi et comment tu as fait ce documentaire, et tu en profites pour ne pas raviver les blessures du même mec.


en espérant que ces remarques puissent te permettre de bien travailler,
cordialement,

fp.


tchat enflammé avec des utilisateurs de SL

J'ai été invité à m'exprimer sur le film dans un forum sur le site jeuxonline.

Voici la discussion


Un retour assez technique et exhaustif                  sur second life

Emily Nightingal

Pour ma part, je ne ferai pas dans l'angélisme.
Oui, ça "fait peur". Sans doute pas, en mon sens, de la manière que cela peut effrayer les personnes présentes dans la salle où Florian ci-dessus a pu visionner le "reportage".

Pour être claire et précise, je tiens à préciser que je suis une utilisatrice active d'internet depuis 13 ans et que j'utilise Second Life depuis plus de quatre ans.

Il se trouve que la vidéo montre très bien la vie de ce qu'on appelle un "noob", soit un nouvel utilisateur.
Mais pas que ça... L'utilisateur en question est FRANCAIS, ce qui change beaucoup de choses.

Tout d'abord, il faut comprendre que Second Life est une plateforme créée il y a bien longtemps par une société basée en Californie. Si le titre du "jeu" ou plutôt "social & creative game" comme j'ai tendance à le qualifier, peut prêter à sourire, il reste que chaque utilisateur fait ce qu'il veut de sa fameuse "Seconde Vie".

Or, il y a quelques années, quand le "jeu" a connu son heure médiatique en France suite à la diffusion de divers reportages montrant des utilisateurs français "inworld", une TONNE de nouveaux "résidents" (c'est comme cela qu'on appelle les "joueurs") francophones ont débarqué sur le "jeu".

France Pittoresque, la SIM (soit le lieu) où MacSim se retrouve au début de la vidéo, est l'exemple le plus cliché de welcome island francophone.
Une welcome island, c'est en gros un endroit du jeu où les nouveaux utilisateurs se concentrent, parce que soit, c'est là qu'ils sont orientés en fonction de certains critères dès qu'ils lancent le jeu, soit parce qu'ils ont recherché un endroit francophone et qu'ils ont trouvé, en tête de liste, ce haut lieu de la francophonie SLienne.

On notera l'ironie dans le propos lorsque je parle de "haut lieu".
En l'occurrence, il se trouve que sur France Pittoresque comme sur de nombreuses sims destinées aux noobs francophones, règne une sub culture assez particulière qui prête toute personne dotée d'une cervelle à sourire.

Tout d'abord, sur "Pitto", on ne fait RIEN. Strictement RIEN.
Par rien, j'entends qu'il ne s'agit pas d'un "club", soit d'un endroit où une personne diffuse et partage de la musique en discutant musique avec les personnes présentes...
On ne "builde" pas, soit on ne CONSTRUIT pas.
NB : Il faut savoir que dans Second Life, TOUT ou 99% du "jeu" est construit par les utilisateurs, qu'ils vendent leurs produits ou non et donc un des buts majeurs du "jeu" est bien de construire le monde qui nous entourre mais aussi ce que l'on porte : vêtements, cheveux, accessoires, ... Et d'éventuellement scripter (soit coder pour permettre le fonctionnement de certains objets), texturer (à savoir créer des textures sur photoshop ou ailleurs pour que l'objet ressemble à quelque chose de différent qu'à de grosses briques beiges etc.).
On ne joue à rien, car sur Second Life, il existe des tonnes de jeux sous le jeu, que ce soit du role play, le "breeding" ou autre...
On n'organise pas d'évènements, que ce soit des évènements de charité, des "hunts" soit des chasses aux trésors pour aider les moins friqués à s'habiller, ...
On ne fait pas de shopping, que ce soit avec des sous ou sans sous.
On ne PARLE même pas au sens propre du terme.

Non, on ne fait RIEN sur Pitto. On reste là, couché sur l'éternel tapis parmi les éternels coussins et on déblatère, en général en "voice", soit par micro, des conneries grosses comme soi.
Sur Pitto, on débarque avec des fringues bling bling à cinq balles, on frime, on drague, on prend un accent pseudo-intellectuel, une voix une pointe sexy avec quelques mots de verlan, on fout sa musique de 50 cents à fond en se la racontant cher et on se fait passer pour ce qu'on est pas : un canon dans la vie réelle.

Bref, Pitto c'est le NO MAN'S LAND de Second Life. Le niveau zéro de la culture.

En règle générale, le but d'une personne se pointant sur Pitto sera de, au choix :
1) découvrir SL comme MacSim a tenté de le faire (bien qu'il n'en soit arrivé qu'à la couche superficielle),
2) draguer histoire de se faire un plan cam (comme l'autre crétin dont je ne me souviens plus du nom),
3) essayer de se trouver quelqu'un pour vivre une relation amoureuse ou sexuelle dans la vie réelle... Car il faut bien le dire, la France est un PETIT pays à l'échelle du monde et il est bien plus facile dans la communauté francophone de rencontrer quelqu'un pour se le taper en "vrai" que dans la communauté anglo.
4) Enrôler du monde dans les systèmes pyramidaux du type Bloodlines.

Bloodlines, parlons-en. Bloodlines est censé être un "jeu" créé par un type qui visiblement avait besoin de blé et qui a créé un moyen de s'en foutre plein les fouilles pour pas un rond et tous les crétins finis rentrent dans le jeu.

Il fut un temps où on le système était tellement bien rodé que où que l'on se rende, inworld, on se faisait "mordre". Se faire mordre signifiait qu'on rentrait alors dans cette base de données Bloodlines :
slbloodlines.com/
Rien de grave en soi car on pouvait tout à fait choisir d'ignorer la demande mais c'était génant de constamment se faire flooder par ce jeu, considéré par tout habitué, comme une belle merde.
En gros, le système est bien rodé. On approche un petit nouveau, on lui raconte qu'on est dans un clan trop génial, qu'il va pouvoir s'intégrer, aller à des fêtes, se faire des amis et puis, on le mord. On lui impose alors, pour rester dans le clan, de mordre d'autres personnes à son tour. Mais pour pouvoir se maintenir "en vie" dans le jeu, il faut avoir suffisamment de sang pour survivre. Or, plus personne n'accepte de se faire mordre... Donc il faut ACHETER du sang. Ceci garantit au créateur de Bloodlines un revenu suffisant pour vivre une jolie Seconde Vie. En même temps, peut-on le blâmer pour avoir eu envie de se faire du blé sur le compte de la bétise de certains qui se font avoir et qui continuent de jouer malgré l'idiotie du jeu ? C'est un jeu sans fin et sans but aucun.

A propos de se faire du blé... Linden Labs, soit la société derrière Second Life, se fait un blé monstrueux sur la tronche des utilisateurs et pour ce faire, le marketting est bien rodé.
Un marketting pro-célibataires ou pro-personne malheureuse dans sa vie de couple.

Linden Labs se fait des sous sur la publicité, mais aussi sur la vente de Linden dollars, soit la monnaie en cours sur Second Life, utilisée pour acheter ce que les créateurs (en gros, des résidents comme tout le monde, non employés par linden labs) créent et pour payer la location de leur espace dans le jeu.
Sans les créateurs, LL ne gagnerait pas un rond. Il n'y aurait aucun intérêt à vivre sur Second Life si personne ne vendait rien.

La manière dont LL vend son jeu m'est personnellement dérangeante. Je préférerais que le jeu soit vendu sous forme de "loisir créatif" ou de "jeu social et créatif" plutôt que comme plateforme de drague balourde.

En l'occurrence, il se trouve que l'image donnée de Second Life dans ce "reportage", ne correspond en aucun point à la réalité vécue par les utilisateurs ou résidents réguliers du "jeu".

Tout d'abord, pour rentrer dans le jeu, il est nécessaire de s'affranchir de sa petite culture franchouillarde et d'allers vers la masse de résidents internationaux. Ainsi, on trouve de tout dans le SL anglophone : des américains, anglais, néerlandais, allemands, belges, français, italiens, espagnols, portugais, américains du sud, japonais, chinois, ... Toutes ou presque toutes les nationalités sont représentées ce qui permet une richesse culturelle immense. Bien plus immense que les discussions au ras de la ceinture de chez France Pitto.

Quoi de plus intéressant que de se mettre en contact régulier, lorsqu'on est curieux dans la vie, avec des gens qui vivent à l'autre bout du monde et de partager des choses avec eux, une amitié, une création, un projet ? Second Life, en ce sens, peut rapprocher les gens. C'est donc une mine à relations sociales interculturelles de qualité s'il est bien utilisé.

Ensuite, la créativité sur Second Life, pour les artistes en tout genre (graphistes, musiciens, photographes, etc.) est si énorme qu'on peut quasiment tout faire.
Cela passe par l'expo photo au concert en passant par la création d'objets dans le jeu.

Les codeurs sont également heureux de pouvoir y "scripter" des objets, de pouvoir leur apporter des qualités qu'ils n'auraient pas s'ils n'étaient pas scriptés : ouvrir une porte, sans codeurs, serait impossible.

Et il s'avère que pour tous ces créatifs, peu importe où ils se trouvent dans le monde, et dont je fais partie, Second Life peut devenir une source relativement importante de revenus.
C'est ainsi qu'une "amie" portugaise pourtant multidiplômée et vivant près de Lisbonne, ayant une expérience de travail et ne trouvant plus de boulot suite à la crise, vit grâce à Second Life et uniquement grâce à Second Life, en créant des accessoires, des vêtements.

Concernant les personnes malades de sclérose-en-plaques, de lupus, de fibromyalgie et autres maladies chroniques, le jeu est également un bon vecteur pour éviter la déprime, maintenir une activité quasi professionnelle (car rémunérative) pendant une période longue ou courte de convalescence. Avoir un projet, un magasin, le gérer, avoir un "club", un évènement à gérer, tout ça, ça aide à se sentir utile, même à l'échelle d'un jeu en ligne.

Bref, non, Second Life n'est pas empli que de pauvres débiles profonds en quête d'un amour factice ou d'une bonne, excusez du terme, branlette devant leur webcam. Second Life, si on se détourne des aspects marketting mis en place par sa société et de la vision médiatique de la chose, est avant tout un lieu où des personnes créatives peuvent développer leur art, sans doute d'une manière pas très comprise à l'heure actuelle, mais où ils peuvent également le partager à grande échelle.

Lorsque comme dans mon cas, 8000 personnes joignent une liste de diffusion pour dire qu'ils aiment vos produits et les achètent régulièrement, non seulement cela vous aide financièrement dans la vie de tous les jours, si vous en avez le besoin, mais c'est également la reconnaissance de votre travail de graphiste, de créatif et ça fait plaisir.

Bref, Second Life n'est PAS un site de rencontres à deux balles cinquante pour imbéciles en perdition. Second Life est un endroit rêvé pour les gens qui aiment produire et partager, être actifs.

Après, cela n'empêchera pas à certains tarés d'exister et à donner naissance, sur youtube et en voice, à des jumeaux faits de pixels. Mais c'est ainsi que la vie est faite : on détourne parfois une chose intéressante pour en faire de la m... par misère affective, par manque de perspectives, par manque d'intérêt pour des choses autres que son égo.

Mais si on PARTAGE et CREE sur Second Life, c'est un des meilleurs JEUX créatifs et sociaux qui ait été créé.


J'avais envoyé un dvd d'en apparence à Chris Marker, voilà sa réponse :

 

Votre film est remarquable. Par sa perfection technique, et surtout par l'intelligence avec laquelle vous avez été droit au coeur de l'ambiguité de SL, cette zone franche où on ne sait jamais ce qui l'emporte du jeu ou du pathétique. Vous nous proposez d'assister à une expérience qui est en même temps son propre sujet, comme un ruban de Moebius... Faute de temps, je n'ai pas vu beaucoup de "vrais" films issus de SL, mais je serais étonné qu' "en apparence" ne reste pas une référence.

Chris Marker